Les forêts mélangées sont plus résistantes aux ravageurs

Les forêts mélangées sont plus résistantes aux ravageurs

Chez les arbres aussi la diversité fait la force. Avec le réchauffement climatique, les insectes ravageurs (défoliateurs[1] et scolytes[2] notamment) provoquent de plus en plus de dégâts dans les forêts d’Europe. Mais des pistes existent pour prévenir de ces attaques. Mélanger les espèces d’arbres permettrait à la forêt d’être plus résistante !

Réduction des dégâts de 20 %

Pour comprendre le rôle de la diversité au sein de l’écosystème forestier, des chercheurs de l’Inrae[3] de Bordeaux et de la Mission biologique de Galice en Espagne, ont réalisé la méta-analyse[4] la plus complète à ce jour. Ils ont analysé 624 comparaisons d’attaques d’insectes herbivores entre forêts mélangées, c’est-à-dire composées de plusieurs espèces d’arbres, et forêts « pures » (monocultures). Résultat : une forêt mélangée est moins vulnérable aux ravageurs, avec une réduction des dégâts en moyenne de 20 %. On parle de résistance par association. 

Plusieurs mécanismes expliquent cette tendance. Tout d’abord, quand un insecte qui privilégie une espèce d’arbre en particulier (on parle d’insecte spécialiste) se retrouve dans une forêt mélangée, il est désorienté. En effet, les signaux olfactifs ou visuels émis par les autres espèces d’arbres brouillent ceux émis par son espèce fétiche. Autre avantage, la forêt mélangée favorise l’installation d’oiseaux, chauve-souris et araignées, prédateurs naturels de nombreuses espèces d’insectes ravageurs.   

Mélanger des feuillus et des conifères

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas tant le nombre d’espèces présentes dans la forêt qui est important mais plutôt l’identité des espèces associées. Il est par exemple intéressant de mélanger des feuillus et des conifères, car il est rare qu’un même ravageur attaque ces deux types d’arbres. Cela peut avoir un effet protecteur.  
Ces résultats devraient amener à des applications concrètes pour la sylviculture. Les scientifiques recommandent d’éviter les monocultures, plus fragiles, et de bien choisir les espèces à associer pour maximiser leur résistance. 

Marion Guillaumin


[1] La défoliation est le phénomène de perte de tout ou partie des feuilles d’une espèce végétale.

[2] En creusant des galeries sous l’écorce des arbres, ces insectes ravageurs empêchent la circulation de la sève. Cela engendre la mort prématurée des peuplements d’épicéas.

[3] Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. 

[4] Publiée le 16 septembre dans Annual review of entomology.

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