Vous avez déjà eu cette impression ? Un aller interminable et un retour à la case départ beaucoup plus court. Bon, certes, il y a des exceptions. On n’a pas toujours envie de retourner au boulot. Mais là, les scientifiques parlent de la sensation de trajet plus bref pour revenir lors d’un aller-retour.
Mathématiquement, la durée est la même non ?
Evidemment, nous étudions les cas où les chemins empruntés sont les mêmes, sans prendre en compte le trafic. Oui oui, cette chronique commence à vous connaître et se doute que vous allez chercher le petit détail pour dégringoler les arguments… Bref. Des chercheurs japonais ont voulu comprendre d’où provenait cette sensation de retour plus rapide que l’aller que les experts appellent le « return-effect », soit l’effet du retour pour les anglophones refoulés. Ils ont donc évalué la perception du temps qui est définie comme une force guidant notre comportement puisqu’elle est un composant essentielle de notre cognition et de notre moteur de performance. Ils ont vérifié si cette perception était reliée à l’activité du système nerveux parasympathique.
Evaluation de la perception du temps
L’équipe scientifique a soumis 20 hommes (nombre et sexe unique très discutable statistiquement) à deux expériences pendant une marche sur 1,7 kilomètres : (1) en regardant un film représentant la route sur laquelle ils étaient engagés et (2) en regardant le même film que le premier groupe mais sur un chemin différent de ce que la vidéo montrait. Sur ce trajet de 26,3 minutes en moyenne, à la troisième minute (à l’aller et au retour), les participants devaient évaluer combien de temps ils avaient marché (non, ils n’avaient pas de montre !). Ainsi, les expérimentateurs ont pu évaluer leur perception du temps.
La mémoire joue des tours
A chaque troisième minute, il n’y a pas eu de différence de perceptions temporelles entre les deux groupes d’expérience. En revanche, après leur trajet, ils ont répondu à un questionnaire et là… il s’est avéré qu’ils ont tous répondu que le trajet du retour leur avait semblé plus bref que l’aller. L’activité neuro-parasympathique s’est avérée augmentée pour les participants du deuxième groupe mais les scientifiques l’expliquent plutôt par un effet de la concentration due à une vidéo différente du chemin emprunté plutôt qu’à un lien explicatif de cette confusion de la notion du temps. Ils justifient notre sensation par un simple jugement du temps écoulé basé sur la mémoire, qui nous joue des tours. En bref, nous ne sentirions pas cet effet en temps réel mais plutôt après coup. De plus, le fait et la conscience du retour suffiraient. N’oublions pas de poser l’hypothèse de l’effet de la compagnie lors du voyage : le retour peut paraître aussi long et ennuyeux que l’aller !
Marion Guillaumin