Pompéi, la résurrection d’une cité

Pompéi, la résurrection d’une cité

Au sud de l’Italie, Pompéi est un des sites archéologiques les plus importants au Monde. Patrimoine culturel exceptionnel, mais aussi lieu phare de recherche scientifique, la ville attire des millions de visiteurs et de chercheurs chaque année. Objets et corps ensevelis, restes de nourritures, ruines… Ces terres à quatre kilomètres de la Méditerranée regorgent de trésors.  

Renaître de ses cendres

Prises de vues par des drones, modélisations numériques, analyses au scanner… Les nouvelles technologies ne cessent d’évoluer et permettent aux historiens de faire renaître Pompéi de ses cendres. Il faut dire que des cendres, il y en a eu ! 

Tout commence le 24 octobre 79 à quelques kilomètres de là. Sur les coups de midi, le Vésuve, un volcan des plus actifs et dangereux d’Europe, entre en éruption. Une énorme masse noire s’élève très haut dans le ciel, sous la forme d’un champignon. Pendant 18 heures, une pluie de cendres s’abat sur un rayon de 15 kilomètres autour du volcan. Pompéi, étouffé par une forte odeur de soufre, est alors plongé dans le noir.

Grâce aux analyses de dépôts encore présents sur le site, les volcanologues savent qu’un écoulement incandescent a enseveli la ville. Composée d’un mélange de roches, de cendres et gaz brûlants, cette coulée pyroclastique (appelée aussi nuée ardente) a atteint une température comprise entre 200 et 500 °C ! Aucune chance pour les habitants de s’en sortir. 

Moulages au scanner

Rayée de la carte, la ville a longtemps été oubliée. C’est au 18e siècle qu’elle fût mise au jour et en 1860 que les premières fouilles approfondies ont commencé. Cette période a notamment été marquée par la découverte de vignes sur un terrain qu’on pensait être un cimetière, et par la technique de conservation de corps ensevelis. En effet, les archéologues du 19e siècle ont moulé de nombreuses victimes dans du plâtre, pour témoigner de cet événement macabre. De récentes études ont été menées pour tenter d’identifier quelques caractéristiques (âge, sexe, catégorie sociale…) de ces individus. En passant ces moulages au scanner, des archéologues, radiologues mais aussi des dentistes, en savent un peu plus chaque jour sur la vie des habitants mais aussi sur leurs conditions mortifères. 

Crédit : Pixabay

Modélisation en 3D 

En plus des fouilles archéologiques, les spécialistes bénéficient aujourd’hui d’outils numériques qui apportent davantage d’informations. Grâce à la télédétection par laser (Lidar[1]), des modélisations numériques ont été réalisées pour découvrir et étudier autrement des bâtiments. Une reconstitution 3D met en évidence les édifices publics et de grandes villas, inaccessibles aux visiteurs.

On y découvre son quadrillage : les fortifications, différents quartiers et les principales voies qui mènent aux portes de la cité. À l’ouest, un centre politique et religieux. À l’est, il y a une grande palestre (lieu de pratique sportive) ainsi que l’amphithéâtre consacré aux combats de gladiateurs. Plus au sud, les équipes ont découvert les restes d’une villa étendue sur 2 000 m2. Sa localisation et son agencement supposent que c’était un centre de détente, réservé aux riches. Et un peu plus loin, une blanchisserie où tout laisse à penser que l’urine était utilisée pour dégraisser les vêtements ! Autre élément que la modélisation 3D a mis au jour : les sous-sols en labyrinthe qu’occupaient les esclaves. Ces personnes cruciales, dont l’histoire pompéienne semble peu renseignée. 

En 2010, la maison des gladiateurs s’est effondrée au cœur de la cité. Le site est-il trop visité ? Trop fouillé ? La devise est désormais d’explorer où la conservation des vestiges est nécessaire. Parce-que la cité semble encore cacher bien des trésors…

Marion Guillaumin

>> Si l’histoire de Pompéi vous intéresse, ne manquez pas l’exposition au Grand Palais à Paris, accessible jusqu’au 2 novembre. <<  

Pour aller plus loin :

Pompéi : la vie avant la mort – documentaire sur Arte, disponible jusqu’au 11 octobre 2020

Éruption volcanique : 6 façons de mourir à Pompéi, par Nota Bene

Pompéi, sur les traces des Romains – une série pédagogique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)


[1] Light detection and ranging.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

retour en haut