Arbres et champignons : une véritable histoire d’amour

Arbres et champignons : une véritable histoire d’amour

Nous ne le percevons qu’à l’automne, mais l’immense réseau mycélien[1] est invisible la plupart du temps, caché dans le sol des sous-bois. Le monde discret des champignons joue un rôle clé dans l’écosystème forestier. Si bien que 80 % des arbres vivent en association avec des champignons. Zoom sur une relation singulière et indispensable pour la planète.

Bénéfices mutuels

Dans l’air, dans l’eau, dans le sol… Les champignons sont partout. Ni animal, ni végétal, il en existerait plus de 3 millions d’espèces ! Jusqu’à présent, les scientifiques n’en auraient décrit qu’une centaine de milliers. Ils les ont répartis en trois catégories : les pathogènes (parasites qui attaquent les plantes et les animaux), les dégradeurs (qui décomposent et consomment la matière organique morte) et les symbiotes mycorhiziens (qui vivent une interaction à bénéfices mutuels avec les racines de plantes). Ce sont ces deux derniers groupes qui nous intéressent ici. 

Il est important de rappeler que les champignons sont des organismes hétérotrophes[2]. Ils ne sont pas capables de fabriquer les sucres simples, tels que le glucose, essentiels pour leur métabolisme. Pour s’en fournir, ils ont développé différents modes d’alimentation : la dégradation ou la symbiose avec une plante hôte. 

Nutrition et protection

Les champignons décomposeurs sont équipés d’un « kit de dégradation » qui est en fait un arsenal enzymatique capable de découper les biopolymères comme la cellulose et la lignine des végétaux. Ainsi, ces champignons assurent le recyclage de la matière organique (issue de débris végétaux et du bois), ainsi que la fertilité du sol. 

De leur côté, les symbiotiques stimulent la croissance des plantes en améliorant leur nutrition et en les protégeant de nombreuses agressions. Eux, ils s’alimentent grâce à un partenariat établi avec leur hôte. Les champignons explorent le sol pour apporter de l’eau, du phosphore et de l’azote à la plante. Pour cela, ils absorbent les éléments minéraux grâce à leur vaste réseau mycélien et en transfèrent une partie aux racines. En échange, la plante leur fournit les sucres simples. 

Et cette histoire d’amour perdure depuis plus de 400 millions d’années ! Les chercheurs affirment qu’aujourd’hui encore les champignons garantissent la nutrition de la quasi-totalité des plantes terrestres. 

Victimes du réchauffement climatique

Ces symbiotiques sont souvent généralistes. C’est-à-dire qu’ils peuvent s’associer à plusieurs espèces d’arbres. C’est le cas de la truffe qui se lie d’amitié notamment avec les chênes et les noisetiers. Mais parfois, l’âge des végétaux ou la nature du sol influencent la présence de telle ou telle espèce de champignons. Par exemple, les trompettes de la mort préfèrent un peuplement forestier composé de hêtres d’une dizaine d’années.

Bien plus qu’un compagnon garantissant la bonne santé d’une plante, le champignon a un rôle fondamental dans les cycles biogéochimiques, dont celui du carbone. Malheureusement, ces organismes figurent sur la liste des victimes du réchauffement climatique. Les chercheurs détectent déjà des effets sur leur phénologie (ex. la durée de leur croissance) et sur la diversité de leurs communautés, ce qui pourrait perturber leur fonctionnement.

Marion Guillaumin

Source

https://www.inrae.fr/actualites/voyage-au-royaume-champignons


[1] Qui a rapport au mycélium, l’appareil végétatif filamenteux de nombreux champignons.

[2] Qui se nourrissent de substances organiques, ne peuvent effectuer eux-mêmes la synthèse de leurs éléments constituants. 

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